lundi 17 juillet 2006

Zone morte

J'aime de temps à autres me bercer avec l'idée que je vais explorer ma région pour découvrir des lieux, des gens, des choses. Mais jusqu'ici je n'ai qu'une impression, à chaque fois identique, que je sois dans un village quelconque que j’explore, ou au bord du canal, ou encore dans la forêt.

La réalité, c'est la route, les rues, les quartiers pavillonnaires, les zones commerciales. La campagne, y compris ses zones habitées, n'est plus qu'un décor vide, en aucun cas un lieu de vie et d’activité. J'aimerais avoir tort et espère être un jour détrompé au fur et à mesure de mes balades, mais c'est une impression extrêmement puissante ; plus qu’une impression, une constatation, même si je ne puis exclure qu’il en soit différemment ailleurs dans d’autres régions de France.

Corollaire à tout cela : si la campagne n'est plus qu'une zone morte et qui n'appartient plus à la réalité, alors s'y promener est comme se promener dans un rêve, à la rencontre de soi-même, de ses propres représentations et fantasmes.

dimanche 23 avril 2006

Club canin

En m'arrêtant, en voiture, pour prendre en photo un club canin plus ou moins abandonné qui m'a toujours fasciné quand je le longeais en voiture, le tout sous un soleil de plomb, je réalise que j'aurais mieux fait de ne jamais m'arrêter et de me contenter du fantasme.

Pendant quelques semaines j'ai eu le projet d'explorer ma région, sur une base à la fois méthodique (étude de la carte, etc) et abandonnée à l'intuition, au hasard ; notant des noms de localité, ou des lieux précis (la scierie à la sortie de tel village) au fil de mes trajets en voiture. J'ai arrêté ça au bout de quelques séances photo. Un malaise inexplicable, une tristesse. J'ai compris quelques temps plus tard que ces lieux n'avaient de charme, de mystère, que tant qu'ils restaient des éléments d'une histoire potentielle, dans ma tête. Dès que je me rends sur les lieux pour les prendre en photo, leur néant me saute au visage. Ce sont des lieux qui n'ont rien à me dire, qui n'ont aucune place dans ma vie. Je n'ai rien à y faire.

jeudi 23 février 2006

Paradis

La campagne ne présente décidément aucun intérêt, aucun attrait, c'est un espace purement utilitaire en réalité, et parfois, accessoirement et accidentellement, beau. Le Paradis n'est pas « la campagne », mais un jardin, c'est-à-dire la nature mise en scène, arrangée, humanisée.

lundi 20 février 2006

Simple décor

Je marche entre une longue haie à ma gauche, et, sur ma droite, un grillage qui me sépare de la voie ferrée. 

Au-delà des rails : d’autres bosquets, des champs, des forêts, à l'infini semble-t-il. Mais je ne peux pas y aller.

Sur ce chemin comme partout ailleurs, je suis bloqué, prisonnier de chemins balisés ; de simples couloirs dont je ne peux sortir et qui réduisent l'essentiel du paysage, l'essentiel du monde, à un simple décor.

jeudi 16 février 2006

Explorateur

Je me promène avec mon « carnet d'explorateur » vers le Rehtal, où je prends quelques photos. Un apiculteur, dans son verger avec d'autres personnes, me jette des coups d'oeil méfiants de temps à autres, puis comme à chaque fois que je me promène quelque part, vient me demander qui je suis, ce que je fais et pourquoi. Je l'envoie balader, poliment, et il geint. Ensuite je passe par le plan incliné. Je longe l'eau, roule lentement car il y a eu un accident de moto. Je monte jusqu'à Garrebourg où je photographie le club de tir. J'explore un peu le village en voiture, m'y perds.

mercredi 25 janvier 2006

La mort, le néant, l'insignifiance

Il existe un topos du héros qui part errer dans des forêts enneigées et photogéniques pour oublier un drame intime, et qui s'y retrouve lui-même ou s'y perd définitivement.

Tout cela n'existe évidemment pas dans la réalité. Dans la réalité, dans la vraie vie, quand on va seul dans la forêt, que ce soit en été ou en hiver, que ce soit pour oublier ou pour se souvenir, on y trouve que l'essoufflement, la banalité de la nature et l'ennui. Il n'y a pas de d'errance ni de perdition poétique ou salvatrice.

*

Plus jeune j'aimais me promener dans la nature. Mais, à ma douloureuse découverte, plus le temps passe plus ça m'est insupportable.

Quand je marche sur un chemin de campagne, au bord d'un canal, ou sur un sentier de forêt, je ne me sens pas dans la nature ; je me sens simplement nulle part. Cette impression est plus pénible encore quand je m’enfonce dans la vraie nature sauvage.

J'ai réalisé au fil du temps que j’aimais les paysages où l'on aperçoit la présence humaine, les paysages modelés par l'homme ; le jardin plutôt que la forêt. Dans la nature sauvage je me sens comme un étranger perdu dans un paysage qui n'a rien à me dire et où je n'ai rien à faire. Je l'assimile de plus en plus à la mort, au néant, à l'insignifiance.