lundi 20 juin 2005

Appartement secret

Fête foraine, avant-hier soir ; un beau soir d'été, tiède, agréable, tout rempli de l'odeur de la végétation. J'ai croisé ma collègue, E... Nous avons un peu déambulé ensemble entre les attractions et les stands de sucreries. Elle semblait très détendue, amicale ; moi-même, alors que la journée avait été affreuse, je respirais mieux et ne pensais plus aux innombrables sujets de mécontentement qui avait parsemé ma journée. C'était l'endroit qui faisait ça. Pas le village lui-même, parfaitement banal et typique de la région avec sa rue principale interminable, quasiment une rue unique (la fête foraine elle-même se tenant sur le stade de foot de la commune, quasiment à l'orée de la forêt), mais sa situation géographique, perdu au creux de cette zone floue entre Lunéville et Blâmont, où clairement personne ne va jamais, en dehors des gens qui y vivent, puisqu'il n'y a rien à y faire, à peu près aucune activité économique ou industrielle. Ce genre de zones me fascine. Je les imagine (évidemment à tort) comme des endroits à part, quasiment sans État, sans police, sans criminalité, sans propagande médiatique et commerciale permanente, sans personne qui puisse vous y retrouver ; des lieux où se cacher indéfiniment, en sécurité et en paix, hors d'atteinte. Je me suis imaginé non pas déménager ici mais y louer un appartement, dont personne ne connaîtrait l'existence, un endroit où me cacher et me ressourcer si j'en besoin, sur un coup de tête, en pleine nuit.