lundi 12 mars 2007

Pension de famille

Souvenir de mes vingt, vingt-et-un an. Je suis seul et arrive dans une espèce de pension de famille, en région parisienne. J'ai réservé pour trois jours. Il n'y a personne à part le propriétaire. L'établissement est minuscule, mais avec un nombre invraisemblable de pièces, de petits couloirs, d'escaliers. Tout est chaleureux, boisé, avec d'innombrables petits bibelots. Une vraie maison de poupées, et une maison de famille en même temps – une maison de famille telle que je n'en ai jamais connue dans ma vie et n'en connaîtrai probablement jamais. Cette idée me frappe. Une fois dans la chambre, je me mets à pleurer, sans savoir vraiment pourquoi ; à la fois de tristesse et de soulagement d'être enfin dans un tel endroit.

dimanche 4 mars 2007

Premiers hommes

J'ai repensé à un épisode de jeunesse, en arrivant au chalet, samedi soir, pour y passer le week-end avec ma compagne. Je ne vais pas rentrer dans des détails scabreux, mais il m'est arrivé dans ce chalet, une fois, vers l'âge de 25 ou 26 ans, de passer la nuit avec une femme nettement plus âgée (elle devait avoir la cinquantaine, peut-être même un peu plus). C'était clairement une épouse et une mère de famille, bien que je n'aie rencontré aucun de ses proches. Le hasard avait fait que nous étions jusqu'au lendemain les seuls occupants du refuge – qui est ouvert à tous les adhérents de l'association sportive qui en est propriétaire. Nous avions dîné, chacun à sa table, dans la salle de séjour, en échangeant quelques mots, plus par politesse qu'autre chose, puis j'étais monté me coucher.

Elle était entrée dans le dortoir où je somnolais, pour s'y coucher, une petite heure après, inconsciente de ma présence puisqu'elle n'avait pas allumé la lumière. Quand elle s'en était finalement rendue compte, elle avait eu un petit rire étrange, et nous nous étions rapidement rapprochés l'un de l'autre. Je suis certain qu'elle n'était pas coutumière du fait, et que mon charme n'y était pour rien, ou quasiment. Je suis certain également que cela n'aurait pas eu lieu si la même situation s'était presentée dans un lieu différent. C'était le chalet lui-même. La solitude au milieu de la montagne, des forêts infinies, de l'obscurité absolue qui régnait dans le chalet et au-dehors. Le décor boisé, ancien, et la vie rustique, presque primitive, qu'il accueillait. Nous étions comme le premier homme et la première femme, naturellement et irrésistiblement attirés l'un vers l'autre.