lundi 28 mars 2005

Un monde plus simple, plus lent

J'ai découvert cet après-midi ce village qui n'est qu'à cinq minutes de la ville où je vis depuis quinze ans, mais que j'ai toujours négligé de visiter, parce que je n'avais, tout simplement, rien à y faire, et parce que je n'avais, pendant longtemps, jamais même croisé son nom.

Mon but était de rouler au hasard dans une direction que je n'avais jamais prise et de m'arrêter dans le premier village inconnu qui m'intriguerait.

Je me suis garé tout à l'entrée de la commune, avant même les premières maisons, sur une espèce de croisement entre un parking et une aire de jeu, dotée d'une petite structure en bois, assez neuve, qui abritait des bancs et une table ; le genre de refuge que l'on croise en pleine nature et qui sert généralement à s'abriter de la pluie ou à se restaurer, au cours d'une randonnée.

Le premier bâtiment du village, juste quelques mètres plus loin, était fascinant, j'ai eu un vrai choc en le découvrant. Un bâtiment agricole, manifestement, dont la fonction m'échappe encore, mais absolument immense. Il était délabré, sans toit, ouvert aux quatre vents. Au lieu de fenêtres, de fines et longues meurtrières. Quelque chose de menaçant – mais d'indéfinissable – s'en dégageait.

Quelques dizaines de mètres plus loin, après les premières maisons (d'anciens corps de fermes reconvertis, essentiellement) on tournait à gauche pour arriver face à l'église. Quelques belles et grandes maisons, que je devinais accueillantes, douillettes, dans leur jus. Tout cela menait, à ma grande surprise, aux rives d'un canal, que longeait un chemin de promenade ; je me suis promis de l'emprunter à l'occasion, pour voir où il menait.

Je suis arrivé ensuite aux abords d'un vieux cimetière, hors du village, ceint d'un mur en pierre. J'ai toujours aimé les vieux cimetières, les vieilles tombes. Spécialement dans les villages. Ils n'évoquent rien de macabre, rien de triste, ils ont au contraire quelque chose de presque doux, de douillet même, dans ce genre de décor les cimetières sont fidèles à leur étymologie de « dortoirs ». Ils évoquent le repos, la paix, la proximité des proches, la douceur de la terre natale. Tout l'inverse d'un colombarium.

Après il n'y avait plus que les champs, mais on voyait au loin le village voisin, à quelques centaines de mètres, dont on devinait les toits et le clocher de l'église. Je n'envisageais pas spécialement de m'y rendre à pieds mais je rêvassais quelques instants d'un monde plus simple, plus lent, plus silencieux, où les gens se rendraient d'un village à l'autre à travers champs, pour commercer, se rendre visite...