mercredi 25 janvier 2006

La mort, le néant, l'insignifiance

Il existe un topos du héros qui part errer dans des forêts enneigées et photogéniques pour oublier un drame intime, et qui s'y retrouve lui-même ou s'y perd définitivement.

Tout cela n'existe évidemment pas dans la réalité. Dans la réalité, dans la vraie vie, quand on va seul dans la forêt, que ce soit en été ou en hiver, que ce soit pour oublier ou pour se souvenir, on y trouve que l'essoufflement, la banalité de la nature et l'ennui. Il n'y a pas de d'errance ni de perdition poétique ou salvatrice.

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Plus jeune j'aimais me promener dans la nature. Mais, à ma douloureuse découverte, plus le temps passe plus ça m'est insupportable.

Quand je marche sur un chemin de campagne, au bord d'un canal, ou sur un sentier de forêt, je ne me sens pas dans la nature ; je me sens simplement nulle part. Cette impression est plus pénible encore quand je m’enfonce dans la vraie nature sauvage.

J'ai réalisé au fil du temps que j’aimais les paysages où l'on aperçoit la présence humaine, les paysages modelés par l'homme ; le jardin plutôt que la forêt. Dans la nature sauvage je me sens comme un étranger perdu dans un paysage qui n'a rien à me dire et où je n'ai rien à faire. Je l'assimile de plus en plus à la mort, au néant, à l'insignifiance.