vendredi 8 octobre 2004

Pélerinage

Elle était de retour en ville, aujourd'hui, et sur le chemin de la Foire, pour aller faire un tour de train fantôme, nous sommes passés – mais comme chaque fois que nous nous revoyons – devant le 29 rue de la Source. Seulement, cette fois j'ai émis l'idée de sonner chez quelqu'un, au hasard, et d'entrer faire des photos dans la cour intérieure. Aucun de nous deux n'y était entré depuis des années, depuis cinq ou six ans peut-être. C'était excitant comme une plaisanterie de gosses : faire toutes les sonnettes et attendre qu'on nous ouvre.

Elle a sonné au hasard et, après plusieurs essais infructueux, expliqué à l'un des habitants qu'elle avait habité ici et voulait prendre quelques photos de la cour intérieure. Nous sommes donc entrés. J'y suis allé le coeur léger, ça n'était pour moi rien de plus qu'une petite ballade touristique, mais elle, elle, dès l'entrée dans le couloir, est passée en un instant des rires aux sanglots ; cela m'a surpris mais c'était, au fond, évident. Derrière l'aspect anodin de cette petite excursion, quelque chose de beaucoup plus profond et douloureux se jouait. Je lui ai été presque reconnaissant de verser ces larmes.

Les murs avaient été repeints en blanc. Les volets de son ancien appartement étaient fermés et nous avons sonné mais personne n'a ouvert. Nous n'avons croisé personne dans la cage d'escalier. Il n'y avait aucun bruit, aucune odeur. C'était un moment horriblement triste, mais avec mon appareil photo, à mitrailler toutes les cinq secondes, je me sentais un peu protégé, comme extérieur à ce qui était en train de se passer. Tout est heureusement devenu plus léger quand nous sommes ressortis dans la cour intérieure. Le pélerinage avait été fait.

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