vendredi 22 août 2003

Campagne fantôme

J'ai rendez-vous avec F. à un endroit précis, et quand j'arrive à l'entrée du village, je la vois ; elle marche sur la route, dans ma direction. Nous avions rendez-vous pour participer ensemble à cette marche populaire. Il y a des centaines de participants, des voitures garées partout, d'autres qui manoeuvrent, ainsi que des motards, des équipes de la presse, des stands d'organisateurs un peu partout, etc ; cette foule et cette activité me surprennent assez et me font voir d'un autre oeil cette campagne plate, fantôme, habituellement déserte, que je ne parcours qu'en voiture quand je rentre chez mes parents pour les vacances.

Nous nous insérons parmi les marcheurs et parcourons plusieurs kilomètres, presque en silence, elle et moi, dans le village même puis sur des chemins de terre au milieu du no man's land.

Il y a quelque chose d'archaïque là-dedans. Le souvenir génétique d'une campagne vivante, bondée, grouillante, même ; des fantasmes de peuple en marche, comme dans les scènes de la Bible ou peut-être de certains contes de fées. Quelque chose qui peut ressembler aussi bien à un meeting fasciste qu'aux scènes de la Libération. Quelque chose de dionysiaque, qui brise le morne ordre quotidien où chacun est terré chez soi, où tout est statique et silencieux.

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